[Italie] Brèves de révoltes et d’évasions dans les prisons pour sans-papiers – 18 et 22 février 2013

[Turin] Révolte au CIE – 22 février 2013

 Grosse révolte au CIE de Corso Brunnelleschi à Turin. Tout commence vers 21 heures  quand certains retenus tentent de s’évader escaladant les hautes grilles, mais sont repris par la police juste avant le dernier mur. Immédiatement la rage éclate dans tout le centre : certains retenus montent sur les toits et d’autres incendient les dortoirs de quelques sections. La réaction de la police est très violente, avec un usage massif de gaz lacrymogène qui rend l’air irrespirable jusqu’en dehors des murs. Un rassemblement de solidarité [ndt : constitué dans l’urgence à l’aide de la radio et des sms] est chargé à plusieurs reprises via Monginevro, et les CRS sont visés par quelques bouteilles et des gros pétards.

Ecoute le direct sur radio Blackout 105.250 avant la première charge, télécharge le fichier mp3 (en italien)

Ecoute le direct juste après la charge, télécharge le fichier mp3 (en italien)

 Dedans les retenus racontent que des personnes se sont fait taper et menotter,  sûrement déjà prêtes à être arrêtées et transférées à la prison de la Vallette. Alors que nous attendons des nouvelles, nous vous rappelons le rassemblement appelé samedi après-midi à 16 heures Corso Brunnelleschi.

Mise à jour du 23 février. Le quotidien La Stampa rapporte la nouvelle de la révolte parlant de dommages notables à l’intérieur de la structure:

Corso Brunelleschi : Révolte au Cie, Tram bloqué

Tensions et désordres, hier soir, au CIE de Corso Brunelleschi : les forces de l’ordre et les pompiers sont intervenus pour réprimer l’énième révolte dans la structure qui depuis des années anime, pas forcément dans le bon sens, la vie du quartier. Tout est né d’une révolte à l’intérieur du centre, vers 21 heures : un groupe de retenus a tenté de mettre le feu à l’un des dortoirs. Selon la version de la police, une quinzaine d’anarchistes présents à l’extérieur de la structure, a lancé des bombe carta [ndt : gros pétards] et des pétards contre le centre. Juste après une charge des forces de l’ordre,  ils ont riposté en lançant sur les agents en tenue anti-émeute des objets les plus disparates et en renversant les poubelles. Ce fut suffisant pour réveiller brutalement le quartier : la via Monginevro à la hauteur de la via Sacra di San Michele ainsi que la ligne 15 du tram ont été bloquées. Nombreux sont les résidents qui ont assisté de leurs balcons à ces instants de fortes tensions : dizaines de bouteilles cassées et les poubelles restées à terre. La situation s’est normalisée vers 22 heures. De nombreux dommages ont été causés à l’intérieur de la structure. »

Traduit de l’italien de macerie, 23 février 2013

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[Trieste] Révolte et évasion au CIE de Gradisca – 18 février 2013

Dans la soirée du 18 février 2013 des retenus du centre de Gradisca à la frontière entre l’Italie et la Slovénie tentent de s’enfuir. Une trentaine de retenus armés de barres de fer et d’objets dont l’usage à été détourné pour l’occasion sont sortis de leurs sections en utilisant un jeu de clef en leur possession et se sont affronter avec les vigiles. 5 personnes ont réussi a se faire la belle. Des retenus ont été mis en examen et une enquête ouverte pour connaître l’origine du jeu de clef.

le lendemain ils se sont de nouveau révoltés : ils ont tenté de détruire les cameras puis ont sortis les matelas et les meubles des chambres avant de les enflammer.

Traduit de l’italien de leur presse, 21 février 2013

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[Rome] Révolte au CIE de Ponte Galeria – 18 février 2013

Le lundi 18 février une révolte a éclaté au centre de rétention de Ponte galeria à Rome. Plusieurs dizaines de retenus sont montés sur les toîts et ont mis le feu au matelas.

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L’élément déclencheur de leur révolte semble avoir été le refus d’un jeune nigérian de se faire expulser. Sa résistance et la violence des flics a déclenché la solidarité des autres nigérians emprisonnés. Selon divers témoins, le centre de rétention a alors été mis à feu et à sang dans le secteur homme, les pompiers ont mis 3 heures à éteindre l’incendie. Selon les autorités seuls les nigérians, qui sont au nombre de 43 sur les 132 prisonniers du centre, auraient participé à la révolte. Selon d’autres retenus les révoltés seraient allés chercher tous les matelas et toutes les couvertures dans toutes les cellules, les auraient rassemblés et auraient allumé un feu. Victor, le jeune homme qui refusait l’expulsion n’a pas pu être expulsé. Par contre 8 personnes retenues ont été arrêtées et transférées de la prison pour sans-papiers à la prison pour tous (enfin, presque tous, ça dans la prison pour tous ce sont surtout les exploités qui y sont enfermés). En Italie en ce moment beaucoup de personnes sans papiers commettent des actes désespérés. Il y a quelque jour un homme dans cette situation s’est jeté sous le métro, un autre qui venait de recevoir un refus à sa demande d’asile s’est immolé à l’aéroport de Rome. Face à ces gestes de désespoir, les révoltes, même si elles sont parfois aussi désespérées, pourraient apparaître comme une bouffée d’air pur. Elles restent malheureusement trop souvent peu partagées, à l’intérieur comme à l’extérieur, et ne parviennent pas à briser les murs. Solidarité avec les 8 personnes emprisonnées et avec toutes celles qui, en s’opposant à l’expulsion d’un de leurs compagnons d’infortune, ont partagé ce petit moment de liberté retrouvé !

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reçu par mail, 21 février 2013

Source: Sans-Papiers Ni Frontières

[Révoltes dans les prisons pour sans-papiers] Solidarité avec Ibrahim, incarcéré à Fleury suite aux évasions du CRA de Palaiseau (16/12/2012)

D’une prison à l’autre…

Le 16 décembre 2012, cinq personnes tentent de s’évader du centre de rétention de Palaiseau. Quatre vont y parvenir mais la cinquième personne, Ibrahim, va rester dans les mains de la police qui le passera à tabac. Il est placé en garde-à-vue puis déféré devant un juge deux jours plus tard accusé d’avoir ceinturé un flic pour lui voler un badge magnétique qui a permis aux autres de se faire la belle. Il est ensuite incarcéré en préventive à Fleury-Mérogis jusqu’au 18 janvier 2013, jour du jugement où il est condamné à deux ans de prison ferme et à verser 1200 euros à deux flics qui se plaignent de violence. En centre de rétention, l’évasion n’étant pas un délit, les flics et les juges cherchent donc à charger sur d’autres chefs d’inculpation.

Ibrahim se trouve maintenant incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. Il n’a pas fait appel de la condamnation. Quand on est isolé, étranger et qu’on ne parle pas français, sans avocat, il est quasiment impossible de comprendre qu’on a dix jours pour faire appel. La justice écrase d’autant plus que l’on est pauvre et sans papiers.

D’une taule à une autre, de la prison pour étrangers à la maison d’arrêt, le chemin est tout tracé, et dans les deux sens. Le pouvoir profitera toujours des révoltes, des tentatives d’évasions, des refus d’embarquement, pour enfermer toujours plus les récalcitrants. Et inversement, quand on sort de prison et qu’on est sans papiers, ce qui nous attend c’est dans la plupart des cas, le centre de rétention et l’expulsion.

Quand on est enfermé dans un centre de rétention, quand tous les recours juridiques sont épuisés et quand s’annonce l’expulsion, la seule alternative c’est l’évasion et la révolte. C’est pourquoi ces histoires se répètent : quelques jours avant l’évasion de Palaiseau, trois personnes se sont échappés du centre de rétention de Vincennes, on espère qu’ils courent toujours. A Marseille, en mars 2011, des retenus ont mis le feu à la prison pour étranger du Canet. Depuis, deux personnes sont sous contrôle judiciaire après être passées par la case prison, dans l’attente d’un procès.

Pour Ibrahim comme pour ceux de Marseille, il est important d’être solidaire avec celles et ceux qui se révoltent pour leur liberté, qu’ils soient innocents ou coupables. Car tant qu’il restera des prisons, des papiers et des frontières, la liberté ne restera qu’un rêve.

Feu à toutes les prisons !

Liberté pour toutes et tous !

Cliquer sur le tract pour le voir/télécharger au format PDF

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Pour ne pas laisser Ibrahim isolé face à la prison et à la justice, il est possible de lui écrire :

Ibrahim El Louar, écrou n°399815 Bâtiment D4 – MAH de Fleury-Mérogis, 7 avenue des Peupliers 91705 Sainte-Geneviève-des-Bois

Des mandats lui sont envoyés. Si vous voulez y contribuer vous pouvez envoyer de l’argent à Kaliméro, caisse de solidarité avec les inculpés de la guerre sociale en cours.

Le n° de compte pour faire un virement : 102780613700020471901 Clé 07.

Si vous voulez envoyer des vêtements ou des colis, ou pour tout contact, il est possible d’envoyer un mail à : evasionpalaiseau[at]riseup[point]net

Reçu par mail, samedi 9 février 2013 (image JPG et tract PDF: Base de Données Anarchistes)

[Italie] Brèves de révoltes et d’évasions du nouvel an 2013

28 décembre à Turin

Dans l’après midi, quelques détenus du centre de Turin ont incendié des matelas. La nuit précédente, il y eut également beaucoup de désordre dans le centre, de puissants cris distinctement perceptibles par les habitants des environs. Un détenu est monté sur le toit d’une section.

Nouvel an à Bologne

Encore une révolte au CIE de Bologne via Mattei, le soir du nouvel an aussi : quatre retenus ont tenté de s’évader mais leur action a été bloquée par la police. Deux ont été arrêtés alors qu’ils avaient déjà escaladé les grilles. C’est arrivé vers une heure et le calme est revenu vers 2h30. Il y aussi eu des lancés de projectiles contre la police.

Nouvel an à Turin

Profitant du désordre de la fin d’année une quarantaines de solidaires ont manifesté devant le centre de Turin, à l’aide de pétards, bombe carta, fumigènes et tambours. A l’intérieur du centre les détenus ont répondu  vivement, à tel point que la police fut contrainte d’intervenir.

Nouvel an à Gradisca

31 décembre à haute tension au CIE de Gradisca. Une grosse révolte à éclaté dans le centre la nuit de la saint-sylvestre. L’émeute à eu pour protagonistes près de 20 détenus, dont 7 ont réussi à s’évader.
Il n’y a malheureusement pas eu de blessés chez les flics malgré les nombreux objets lancés. Visiblement l’action avait été organisée dans les moindres détails par les détenus.
L’alarme s’est déclenchée vers 20h30 lorsque qu’un groupe de détenus ont réussi a sortir de leurs chambres et à se faire la belle.

Apparemment ils l’ont fait sans résistance de la part des matons, en effet, les retenus s’étaient procurés les clefs des portes qui séparent la cafétéria de l’entrepôt. Les autres portes ont été forcées à coups de pied. Une fois dans l’entrepôt les révoltés se sont armés de gros cadenas et d’extincteurs. D’autres s’étaient préparés à l’émeute depuis des jours. Ils avaient rempli de pierres et de sable des bouteilles en plastique pour les lancer sur les flics. Une fois dans la cour la tension à atteint son paroxysme. Policiers, militaires et carabinieri qui surveillent l’extérieur ont été visés par des objets lancés par les retenus. Certains ont vidé les extincteurs sur les flics. Deux flics de la garde des finances ont été emmenés aux urgences pour intoxication.

Profitant du bordel 7 détenus ont réussi à escalader le dernier mur d’enceinte et à disparaître, sans laisser de traces, dans la nature avoisinante. Mais la tension a persisté, et il a fallu encore plusieurs heures pour mater la révolte. Le syndicat de flics/matons qui officie dans le centre à déclaré que c’était le règne de l’anarchie.

Traduit librement de macerie par Sans Papiers Ni Frontières, 3 janvier 2013

[Lille] Expulsion sous camisole de deux sans-papiers grévistes de la faim le 30 décembre 2012

Communiqué de l’UL-CNT de Lille (2 janvier 2013) contre l’expulsion de 2 camarades sans-papiers

Indignée par la gravité des faits, l’Union Locale des syndicats CNT de Lille condamne fermement l’expulsion des deux camarades sans-papiers grévistes de la faim, ligotés et bâillonnés dans l’avion dimanche 30 décembre 2012 au matin.

Cet acte, indigne d’un pays se prétendant démocratique, nie une fois encore la réalité qui est celle des sans-papiers actuellement en grève pour l’obtention de leurs droits les plus élémentaires. Il traduit pour nous un refus de prendre en compte la grève de la faim ainsi que l’urgence et la gravité de la situation, tant du point de vue démocratique, que sanitaire.

Comment expliquer autrement cette décision qui vient contredire les promesses de non reconduites à la frontière faites le même jour que la réservation des billets d’avion le 28 décembre, avant même que les camardes ne soient passés en cours d’appel de Douai le 29 décembre ? Rappelons que ce 28 décembre le Tribunal de Grande Instance de Lille avaient rendu un verdict favorable à leur remise en liberté. Quelle sorte de justice peut utiliser ainsi la force et le mensonge contre des personnes en lutte pour leurs droits, et affaiblies par 58 jours de grève de la faim ? Que faudra t-il au gouvernement socialiste pour qu’il assume enfin ses responsabilités ? Des comas ? Des séquelles irréversibles ? Des décès ? Quel est le prix à payer pour obtenir l’égalité en France « pays des droits de l’Homme » ?

Nous condamnons donc fermement cette déclaration de guerre aux sans-papiers en grève, demandons sans délai le retour des deux expulsés et la régularisation des sans-papiers présents sur la liste portée par le Comité des Sans-papiers 59.

 

[Tract/Paris] Le vent se lève… Sabotons la machine à expulser

Le vent se lève... Sabotons la machine à expulserOn entend beaucoup parler ces derniers temps des centres de rétention et des politiques migratoires, essentiellement à travers la rhétorique du scandale : mise en avant de l’image de la famille innocente et bien intégrée, qui travaille ici, dont les enfants sont scolarisés, insistant sur l’ignominie qu’il y a à les enfermer dans des camps. Toute une rhétorique employée pour mobiliser l’indignation citoyenne, pour crier au racisme en se vivant comme des résistants, pour lancer de vains appels à réformer la gestion de la machine à expulser, à améliorer les conditions d’enfermement, à trier les « bons » des « mauvais » sans-papiers.

N’y allons pas par quatre chemins : nous ne souhaitons pas ajouter nos larmes à ce bal des pleureuses, nous ne luttons pas contre la machine à expulser par empathie et encore moins par pitié, ni dans le but de la rendre plus humaine, mais pour la détruire. De la même façon, nous ne partons pas du principe que les personnes enfermées dans ces camps seraient des victimes à secourir, ou qu’il faudrait assister leur intégration (ou leur réintégration) dans cette société que nous voulons désintégrer totalement. Les logiques syndicales, humanitaires et réformistes ont depuis longtemps démontré leur rôle de cogestion des logiques d’exploitation, de contrôle et d’enfermement, en bref de domination.

Les sans-papiers, comme tous les autres exploités, n’ont jamais eu besoin de souteneurs ou de chevaliers vaillants pour se révolter, beaucoup n’ont jamais attendu le feu vert de quelconques militants et politiciens. En témoigne, parmi une multitude d’actes individuels et collectifs, des plus quotidiens aux plus spectaculaires, l’incendie de la plus grande prison pour étrangers d’Europe, le centre de rétention de Vincennes en juin 2008.

Le centre de rétention n’est qu’un seul des rouages de la machine à expulser qui n’est elle-même qu’un seul des rouages de la machine infâme qu’est ce monde de barbelés et de domination. De fait, elle n’est pas un concept à discuter sur les bancs douillets d’une université, elle s’incarne dans une foultitude de responsabilités concrètes : des associations humanitaires comme la CIMADE, France Terre d’Asile, l’Ordre de Malte, Forum Réfugiés et la Croix-Rouge qui co-gèrent les centres et les zones d’attente en bonne entente financière avec l’Etat ; RATP, Air France, Carlson Wagon-Lit, Royal Air Maroc et SNCF  : tous déportent, et certains ajoutent leurs contrôles à ceux des flics ; le groupe Accor qui dépanne l’Etat de quelques places de prison dans ses hôtels ; les institutions qui organisent les rafles en guet-apens comme Pôle Emploi, CAF, la Sécu… ; les entreprises qui organisent la logistique à l’intérieur des taules comme Sodexo, Avenance, GDF-SUEZ, Veolia, Eurest… ; les constructeurs comme Bouygues, Vinci, Eiffage ; les suceurs de sang et de sueur des boîtes d’intérim comme Randstad, Adecco, Manpower ; les syndicats qui négocient les critères d’expulsion à la table de l’Etat comme la CGT, CFDT, SUD, UNSA, FO et tous les partis politiques qui font leur beurre électoral sur la question des migrants…

Toute une maxi-brochette de collabos sans lesquels l’Etat, ses flics, ses juges et ses gendarmes ne pourraient pas gérer cette machine de déportation. Les motivations de ces charognards n’ont rien de bien raciste, car l’argent n’a pas de couleur, et c’est pour la manne financière dont ils profitent qu’ils prêtent tout leur concours à ce système de merde.

Pointer les responsabilités claires de ces collaborateurs ne signifie pas les réduire à la seule question des expulsions et des frontières. On retrouve tous ces vautours dans la gestion quotidienne de l’exploitation, de l’enferment, de la domination, car nous sommes tous, avec ou sans-papiers, du gibier à frontières, à matons, à patrons, à humanistes.

Ils ont des noms et des adresses, chacun peut leur renvoyer un peu de leurs responsabilités à la gueule de la façon qu’il estime la plus pertinente.

Dans cette guerre sociale sans trêve, il est toujours temps d’exprimer notre haine sans concession, et d’attaquer sans médiations tout ce qui nous rend esclaves.

Centres de rétention, papiers, prisons, frontières, gestionnaires et co-gestionnaires de la domination : 

Autant en emporte le vent de la liberté !

[Tract trouvé dans les rues de Paris, décembre 2012] via Base de Données Anarchistes, 11 décembre 2012

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[Italie] Bananes et révoltes de sans-papiers au CIE de Turin – 11 & 14 décembre 2012

[Turin] Révolte au CIE: Flambé (14 décembre 2012)

Deux semaines après la révolte du 30 novembre, une nouvelle mutinerie a réchauffé les cœurs des prisonniers du centre de rétention de Turin.

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Encore une fois, il a suffit d’un petit salut pour allumer la mèche: quand, dans l’après-midi, une trentaine de solidaires se sont rassemblés à l’extérieur du centre, certains détenus des sections rouge, bleue et violette sont montés sur les toits et ont incendié plusieurs matelas. Des ballons de foot et des balles de tennis ont été lancées par dessus des murs, un petit brasier a été allumé sur le trottoir. La police est intervenue avec des canons à eau pour éteindre les incendies sur les toits et, à ce qu’il paraît, un mur à l’intérieur de la section rouge a été abattu, de quoi faire des pierres à jeter sur les flics. L’émeute terminée, la police a perquisitionné la section rouge à la recherche de morceaux de verre (ou de bananes renforcées? [voir ci-dessous]) et, peu après, dans la section bleue, des retenus ont lancé des bouteilles sur les matons.

 Traduit de l’italien de macerie par Sans papiers ni frontières, 15 décembre 2012

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Banane – 11 décembre 2012

Une belle corbeille de banane. Des bananes de Porta Palazzo, on se comprend, des bananes remplies de limes. Pas une lime dans le sens du fruit tropical, mais en réalité cinq scies en fer,  celles qui sont bonnes à scier les barreaux. Les bananes en question étaient dans un paquet qu’un anarchiste de Turin a porté mercredi après midi à l’entrée du CIE de Corso Brunelleschi, mais malheureusement les limes ont été découvertes.

” Quel insolence ! – s’exclame le flic  après la découverte – imaginer pouvoir livrer dans les mains d’un prisonnier les instruments pour regagner la liberté c’est nous prendre pour des ignorants ! “

” Celui-là a lu trop de bande dessiné ” pouffent en de concert la préfecture et les rédaction des journaux.

” Quel naïf !  – dit le sage – ne sait-il pas qu’il existe des détecteurs de métaux ? “

” Quel imbécile – fait le prudent –  ne pouvait-il pas le faire apporter par quelqu’un moins en vue, qui serait passé inaperçu ? “

Si aux flics et aux journalistes, c’est de bon usage de ne pas leur répondre, à tous les autres cela vaut la peine de dire quelque chose. Aux sages, il suffit de rappeler toutes les fois dans le passé récent où les prisonniers du CIE de Turin (et pas seulement) ont scié les barreaux, et que donc, de quelque manière, des scies sont entrées, en réussissant à passer les contrôles ;  on ne pourra pas savoir de quelle manière. Aux prudents, nous disons simplement que l’on ne peut attendre qu’une autre personne y aille, qu’on ne peut déléguer aux autres ce à quoi te guide ta conscience.

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Peut-être que les bananes ne sont pas le meilleur endroit pour les cacher mais l’unique question que l’on peut se poser vis à vis des limes de fer, n’est pas tant si il est possible d’en faire entrer ou qui peut le faire, mais comment réussir. Pour le découvrir, il faudra simplement essayer et réessayer encore, et toujours, ou jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de barreaux à scier.

Traduit depuis macerie par Sans papiers ni frontières, 11 décembre 2012

[Lille] Lutte des sans-papiers: grèves de la faim, occupations… L’église collabore avec la préfecture

La grève de la faim des sans-papiers s’enlise

La pression se renforce sur la préfecture. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le conseil presbytéral de l’Eglise réformée de Fives-Lille ont demandé, mercredi, au préfet d’ouvrir le dialogue avec le comité des sans-papiers (CSP). Depuis dimanche, une centaine de personnes en situation irrégulière ont investi l’église protestante fivoise pour réclamer leur régularisation. Certains sont en grève de la faim depuis le début du mois, selon le CSP.« Il n’est pas souhaitable de laisser pourrir une situation déplaisante », précise Gérard Minet, délégué régional de la LDH, dans un courrier au préfet.

De son côté, l’Eglise réformée de Fives-Lille a annoncé, par communiqué, qu’elle pourrait demander l’évacuation de ses locaux par la force publique, « au cas où se poseraient des problèmes d’hygiène ou de sécurité des personnes et des biens ». Une nouvelle circulaire sur les étrangers en situation irrégulière a été présentée mercredi par le ministère de l’Intérieur.

Leur presse – 20 Minutes.fr (G. D.), 29/11/2012 à 03h27

[Paris] Evasion de 7 migrants du CRA de Vincennes – Nuit du 20 au 21 novembre 2012

Sept étrangers s’évadent du centre de rétention du Bois de Vincennes

Sept étrangers en situation irrégulière se sont évadés dans la nuit de mardi à mercredi du centre de rétention administrative (CRA) du Bois de Vincennes, à Paris, a appris l’AFP de sources concordantes.

« Sept hommes ont fugué par une porte mal fermée ou qu’ils ont forcée au moment de la relève, vers 23H20 », a expliqué Céline Guyot, responsable juridique de l’Assfam, qui assure l’assistance des étrangers sur le site.

Les fugitifs – trois Algériens, deux Tunisiens, un Marocain et un Irakien – ont également attendu le départ des équipes de nettoyage et d’entretien, a-t-elle ajouté.

Selon les premiers éléments de l’enquête, ils ont pris la fuite en direction de l’autoroute A4.

Les sept hommes étaient dans le centre depuis cinq à dix jours. Quatre d’entre eux venaient de se voir refuser une demande de prolongation et n’avaient plus de recours contre un éloignement forcé, selon Mme Guyot.

Le CRA de Vincennes, situé dans le 12e arrondissement de Paris, avait brûlé en juin 2008 lors d’émeutes ayant éclaté au lendemain de la mort d’un ressortissant tunisien, décédé selon les autorités d’une crise cardiaque. Une cinquantaine de personnes avaient profité du sinistre pour prendre la fuite. Fermé plusieurs mois, le centre avait alors subi d’importants travaux de rénovation et a rouvert en novembre 2010.

Les responsables de l’incendie – trois Maliens, deux Marocains et un Palestinien – ont été condamnés en appel en janvier à des peines allant de six mois à deux ans et demi de prison ferme.

Divisé en trois unités, le CRA de Vincennes, géré par la préfecture de police de Paris, a une capacité totale de 171 places. En 2011, 3.214 personnes y ont été placées en rétention.

L’an dernier, 14 étrangers avaient réussi à s’en évader. « Quelques-uns ont fui ensemble en passant par une fenêtre brisée, mais les autres se sont évadés de manière isolée, souvent lors de transferts », a expliqué Mme Guyot.

Pour elle, « que sept personnes puissent sortir d’un coup du CRA est quelque chose d’exceptionnel » parce que le site est très sécurisé depuis sa réfection. « Il s’agit d’un site fermé avec une forte présence policière. Tout est badgé, il y a des caméras, des grillages, des portes sécurisées », a-t-elle précisé.

Les CRA ont été créés en 1984 par le président François Mitterrand qui voulait mettre un terme aux rétentions illégales pratiquées dans les années 70 dans les commissariats, les prisons, voire dans des hangars comme au port de Marseille.

Le taux d’occupation des CRA n’était que de 45% en septembre et le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est dit ouvert à une réflexion sur la fermeture de quelques-uns des 23 CRA de métropole.

Mardi, les cinq associations autorisées à intervenir dans les CRA ont réclamé une réforme « profonde » de la politique d’éloignement des étrangers, déplorant un usage quasi systématique de l’enfermement pour les expulser.

Selon elles, 25.000 sans-papiers ont été placés dans un des 23 CRA de métropole en 2011 pour une durée moyenne de 9,7 jours. Seuls 40% ont été expulsés, la grande majorité des autres ayant été libérés par un juge.

Leur presse – 20Minutes.fr (AFP), 21/11/2012 à 12h27

Vendredi 16 novembre 2012, une manifestation en direction du CRA de Vincennes s’est déroulée

[Les frontières assassinent] Plus de 90 migrants morts en deux semaines entre le Maroc et l’Espagne

Plus de 90 migrants sont morts en deux semaines entre le Maroc et l’Espagne

Plus de 90 migrants d’Afrique subsaharienne sont morts au cours des deux dernières semaines en tentant de rejoindre l’Espagne depuis le Maroc, a-t-on appris mardi auprès de membres de la communauté africaine immigrée et d’une source de la sécurité marocaine.

« D’après les témoignages de six survivants ayant réussi à rejoindre l’Espagne, 54 personnes sur une même embarcation sont mortes noyées la semaine dernière », affirme Pierre Delagrange, président du Collectif des communautés subsahariennes au Maroc. Dix-neuf autres sont mortes au large de Tanger, à 14 km de l’Espagne, au cours des deux dernières semaines, a-t-il ajouté. « Hier (lundi), trois corps ont été retrouvés sur une plage près de Tanger, portant à 19 le nombre de morts là, notamment des femmes et des enfants », a dit M. Delagrange. Le 26 octobre, pendant la fête musulmane de l’Adha, deux migrants africains sont morts et une cinquantaine ont été secourus alors qu’ils tentaient de gagner l’Espagne en bateau depuis le Maroc. La veille, 14 corps avaient été repêchés, selon les services d’urgence espagnols. Selon les autorités marocaines, ces tentatives pour franchir coûte que coûte le bras de mer séparant le Maroc de l’Espagne -quelques dizaines de kilomètres tout au plus- dans des canots de fortune se sont multipliées ces dernières semaines. Les autorités ont ainsi relevé avoir sauvé de la noyade « près de 6.500 migrants au cours des cinq dernières années » et arrêté pendant la même période quelque 23.000 subsahariens qui envisageaient de tenter la dangereuse traversée.

Leur presse – Le Vif.be (Belga), 06/11/2012 à 19h49

[Allemagne] Des migrant.e.s en grève de la faim contre les déportations et les conditions de vie des réfugiés – Berlin, depuis le 24 octobre 2012

Allemagne: des demandeurs d’asile en grève de la faim à la Porte de Brandebourg

BERLIN (AFP) – Affrontant le froid et la pluie, des demandeurs d’asile sont en grève de la faim depuis une semaine à la Porte de Brandebourg, à Berlin, pour protester contre des conditions de séjour qu’ils jugent inhumaines en Allemagne.

Enveloppé dans un épais blouson recouvert de plastique pour se protéger d’un crachin glacial, Houmer Hedayatzadeh, qui se présente comme un étudiant iranien de 23 ans pourchassé dans son pays, ne se nourrit plus depuis mercredi dernier et se contente d’un peu d’eau et de thé.

Avec une dizaine d’autres réfugiés venus comme lui d’Iran, d’Afghanistan et d’Irak, il a entamé une grève de la faim « pour protester contre la situation des réfugiés en Allemagne et pour l’arrêt des renvois dans leurs pays », explique-t-il à l’AFP.

Le petit groupe de protestataires est installé à la Porte de Brandebourg, monument symbole de l’Allemagne où se pressent touristes, faux soldats américains posant pour les photos souvenirs et statues humaines.

Ils sont assis ou allongés à même le pavé froid et humide, des parapluies les protègent un peu mais les quelques policiers qui les surveillent empêchent l’installation de matelas ou même de sacs de couchage.

Un homme venu leur apporter des tapis de sol en signe de solidarité se fait fermement renvoyer par la police. Quelques invectives et injures volent.

« Il n’y a pas eu d’autorisation pour une manifestation permanente », explique un porte-parole de la police. « C’est pour cette raison qu’un campement ne peut être dressé ».

Trois personnes ont été provisoirement interpellées mardi soir pour avoir tenté d’enfreindre l’interdiction, selon la radio locale RBB.

« Nous ne sommes pas autorisés à déployer des couvertures chaudes pour nous protéger du froid. Avec des températures qui peuvent commencer à être négatives la nuit, la situation peut difficilement être pire », poursuit Houmer Hedayatzadeh, un couvre-chef en fourrure grise enfoncé jusqu’aux yeux.

Les réfugiés ont néanmoins étalé quelques banderoles. « Aucun homme n’est illégal », « Réfugiés en grève de la faim », « Fermez les camps de réfugiés », y lit-on en lettres roses ou noires.

Tous dénoncent les conditions d’accueil des demandeurs d’asile, notamment l’assignation à résidence durant l’examen de leur dossier. « Nous n’avons pas le droit de nous déplacer en Allemagne, nous sommes assignés à une circonscription », raconte Jegr Osman Assad, venu d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien.

« Je voudrais m’intégrer mais je n’ai pas le droit de chercher un travail, ni même de prendre des cours d’allemand », explique-t-il par le bais d’un « traducteur », un jeune Berlinois venu manifester sa solidarité.

« Les conditions d’accueil sont inhumaines », dénonce cet homme de 30 ans arrivé en Bavière (sud) l’an dernier.

Beaucoup dénoncent des foyers d’accueil bondés. Depuis le début de l’année, le nombre de demandeurs d’asile a grimpé de 24% à 40.201, principalement en provenance d’Afghanistan (13,4%), de Serbie (10,3%) et d’Irak (9,8%).

A Berlin, les autorités locales, débordées, évoquent « une augmentation énorme ». Il est envisagée l’installation de conteneurs pour répondre temporairement à l’urgence.

Houmer Hedayatzadeh raconte avoir été poursuivi par la justice iranienne pour avoir participé à des manifestations étudiantes après l’élection présidentielle de 2009. Il aurait fui via la Turquie, la Grèce et l’Italie avant d’être interpellé par la police allemande et placé dans un centre de réfugiés « à la frontière tchèque ».

Las des conditions de vie dans ce centre, il a rejoint un groupe de réfugiés avec qui il a effectué près de 600 km à pied de Wurtzbourg (Bavière) à Berlin pour réclamer un changement de politique des autorités allemandes.

Avant de s’installer Porte de Brandebourg.

« Nous y resterons jusqu’à la mort s’il le faut », assure Jegr Osman Assad.

Leur presse – Le Nouvel Obs.com (AFP), 31/10/2012 à 16h40