[Besançon] Augmentation du prix des tickets de bus: les contrôleurs en font les frais

BESANÇON : LA GROGNE MONTE

Infractions, incivilités, baisse de fréquentation, le réseau de transport bisontin peine à faire face aux difficultés. Une situation compliquée ressentie au quotidien sur le terrain.

À première vue, la situation n’est pas alarmante. Les chiffres, d’ailleurs, ne sont pas choquants. Baisse de fréquentation de 3 % entre mars 2012 et mars 2013. En hausse ces dernières années, les infractions ont pour l’instant baissé sur le premier trimestre de 2013, passant officiellement de 1.815 à 1.341. Une augmentation sensible est à noter : celle des demandes d’abonnement « demandeur d’emploi ».

Pourtant, Sébastien Brunetta est formel. Sur le terrain, le ton et l’ambiance ont changé. « On a surtout constaté des changements de comportements, notamment vis-à-vis des contrôleurs. Et on s’aperçoit qu’il y a des comportements de fraude inhabituels », explique le secrétaire du comité d’entreprise, syndiqué CFDT. Dans son viseur, l’augmentation, à la rentrée de l’abonnement Diabolo pour les écoliers, collégiens et lycéens. 165 euros pour le premier enfant et 110 pour les suivants, contre 99 et 59 euros l’année précédente. « Pour une famille de trois enfants, l’augmentation est considérable », relève le syndicaliste. Les mineurs sont donc de plus en plus nombreux à ne pas présenter de titres de transports en règle.

« Une nouvelle population »

« On constate en effet une nouvelle population dans les infractions. Désormais, on trouve des retraités, au faible pouvoir d’achat qui ne prennent plus qu’un ticket de bus pour aller faire leur course et l’utilisent à l’aller ou au retour », témoigne Florence Almarcha depuis le service des contentieux.

Autre réalité, la difficulté à faire face aux embouteillages liés aux travaux du tramway. « Il y a de plus en plus de retard », témoigne un contrôleur préférant rester anonyme. « Et ils le savent, regardez, c’est marqué là ». L’homme pointe en effet du doigt un communiqué de Ginko à l’attention des usagers : « Les horaires ne sont donnés qu’à titre indicatif. Les conducteurs s’efforcent de les respecter mais sont soumis aux aléas de la circulation ». Des difficultés probablement pas facilitées par la suppression de 147 départs de bus depuis la rentrée.

Mélangez le tout, ajoutez un soupçon de tensions sociales, et vous comprenez le quotidien des travailleurs sur le terrain : « Avant, on pouvait cibler », explique Laid, huit années à son actif en tant que contrôleur. « Aujourd’hui, les infractions et les incivilités sont partout. De jour comme de nuit ». Entendez par là qu’ils n’ont plus besoin de contrôler du côté de Planoise ou Clairs-Soleils pour ressentir ce « stress », de plus en plus présent au quotidien. « On est content quand les contrôles se passent bien et qu’on ne constate pas d’infraction. On n’est pas là pour faire du chiffre », témoigne un autre de ses collègues.

Même si tous les trois ont subi des agressions ces derniers mois, entraînant une incapacité totale de travail, ils n’accablent pas leurs agresseurs : « On est humains, et on voit bien qu’on est confronté à la misère… » Ils ne sont pas là pour se plaindre. Ils dressent juste un triste constat.

Leur presse locale – L’estrepugnant (Boris Massaini), 04/05/2013 à 05h00

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